Association des Centres dramatiques nationaux

Association des Centres dramatiques nationaux - L'ACDN coordonne le réseau des 38 Centres dramatiques nationaux

Tribune adressée par les acteurs et actrices de la Culture au Président de la République

Monsieur le président de la République, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,

Nous sommes artistes, acteur·rice·s, auteur·rice·s, technicien·ne·s, directeur·rice·s de lieux culturels et, comme tous nos concitoyens, nous avons bien entendu et compris, durant cette année, qu’il allait falloir «apprendre à vivre avec le virus», que ce qui avait d’abord été considéré comme une situation exceptionnelle allait sans doute entraîner des modifications pérennes de nos manières de vivre et de travailler.

Nous pensions alors, «qu’apprendre à vivre avec le virus» consisterait à concevoir ensemble les modalités du maintien d’un service public des arts et de la culture en toutes circonstances.

Depuis plus d’un an, nos organisations professionnelles ont multiplié les propositions raisonnables de calendriers et de modalités de réouverture partielle. Tout comme pour l’école, il y avait là un enjeu politique et social essentiel, précisément en temps de crise. Et nous ne comprenons pas l’interminable mise à l’arrêt qui a été infligée à notre secteur.

Votre surdité et votre mutisme face à cette question fondamentale s’apparentent à un terrible choix de société, que vous avez fait.

Nous attendons donc fermement la proposition de calendrier de réouverture des lieux culturels et de convivialité, que vous avez évoquée pour le 15 mai.

Pour autant, nous voyons qu’au moment où vous esquissez cette perspective de nous rassembler à nouveau, vous n’hésitez pas à compromettre ces retrouvailles, en alimentant la division et la fracture sociale avec des projets de réformes des droits sociaux injustes et incompréhensibles dans ce contexte.

Ces jours meilleurs, promis et espérés, vous les placez délibérément sous les auspices des conflits sociaux.

Nous ne pouvons pas comprendre cette volonté d’imposer en pleine crise une transformation brutale de l’assurance chômage. Nous savons qu’elle engendrera pour l’ensemble des intermittent·e·s du travail, pour la jeunesse qui cherche à accéder à l’emploi, pour les salarié·e·s les plus fragiles, une aggravation de la précarité et une dégradation des conditions d’existence.

Comment envisagez-vous un retour à la vie dans de telles conditions ?

Beaucoup d’entre nous travaillent dans des lieux occupés depuis plus d’un mois, au cœur de conflits sociaux qui germent partout en France, que vos annonces provoquent et nourrissent de désespoir et de colère.

Aujourd’hui, à l’approche d’échéances électorales majeures dans notre pays, l’indifférence gouvernementale que vous opposez aux mouvements en cours aura des conséquences profondes.

Nous vous demandons solennellement de prendre en considération une situation qui, dans son ensemble, témoigne d’un appel désespéré à créer un espace de dialogue qui permettra de revenir à la vie sociale et sensible.

Voilà ce que les occupant·e·s des lieux culturels essayent de vous faire entendre. Voilà ce que nombre d’expert·e·s des questions sociales et économiques essayent de vous faire entendre.

Voilà ce que les élu·e·s des grandes villes de France, de tous bords politiques, ont également essayé de vous faire entendre, il y a quelques jours, via un communiqué de l’association France urbaine.

Voilà ce que tout le monde, finalement, essaie de vous faire entendre. Et c’est ce que nous essayons de faire à notre tour.

Entendez-vous ?

 

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